Le Mercosur et son impact sur les importateurs et le secteur alimentaire européens

5 min read
Blog, News
5 min read

En décembre 2024, l’Union européenne et quatre pays du Mercosur – l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay – ont conclu un accord politique en vue d’un partenariat inédit. Si l’opposition de certains pays clés cesse, l’accord pourrait être approuvé et mis en œuvre à partir de 2026, ce qui entraînerait des changements massifs dans les importations et les exportations alimentaires de l’Europe, ainsi que dans l’activité des importateurs de denrées alimentaires opérant des deux côtés de l’accord.

À propos du Mercosur

Le bloc commercial Mercosur se compose de l’Argentine, du Brésil, du Paraguay et de l’Uruguay et constitue l’un des partenariats économiques les plus importants au monde. Créé en 1991, le Mercosur a pour objectif principal de réduire les barrières commerciales et de promouvoir le libre-échange entre les États membres. La population totale des pays du Mercosur s’élève à 273 millions d’habitants et l’économie du bloc est la sixième plus importante au monde, avec un PIB de 2,2 billions d’euros. Plus de 30 millions d’entreprises européennes exportent vers les pays d’Amérique du Sud et la valeur des exportations a atteint 84 milliards l’année dernière.

L’accord commercial UE-Mercosur : Une vue d’ensemble

Après 20 ans de négociations, l’Union européenne et le Mercosur ont annoncé un accord commercial majeur visant à réduire les droits de douane sur les biens et services échangés entre les deux régions. Bien qu’il n’ait pas encore été entièrement ratifié, l’accord devrait ouvrir des perspectives considérables, mais aussi créer des défis majeurs, notamment dans les secteurs de l’agriculture et de l’alimentation.

En vertu de cet accord, les pays du Mercosur bénéficieront d’un meilleur accès aux marchés européens pour le bœuf, la volaille, le sucre et l’éthanol , entre autres – des produits pour lesquels ils disposent d’un avantage comparatif.

Les exportateurs européens verront leurs droits de douane réduits sur les aliments transformés, les produits laitiers et les boissons alcoolisées vendus aux pays du Mercosur.

Impact sur les importations et la production de denrées alimentaires en Europe

Disponibilité accrue de produits abordables
Les pays du Mercosur comptent parmi les plus grands exportateurs de produits agricoles au monde. Par exemple, le Brésil est un grand producteur de viande bovine, de volaille et de soja, tandis que l’Argentine est réputée pour sa viande bovine de haute qualité et son vin.
Avec la baisse des droits de douane, les importateurs européens de produits alimentaires auront accès à une plus large gamme de produits à bas prix et à fort volume, ce qui pourrait se traduire par une baisse des prix pour les consommateurs. L’accord offre la possibilité de diversifier les sources d’importation de denrées alimentaires. Ceci est particulièrement important étant donné les perturbations mondiales des chaînes d’approvisionnement alimentaire causées par des événements tels que la pandémie de COVID-19 et la guerre en Ukraine.

Pression sur les agriculteurs européens
L’afflux de produits agricoles moins chers en provenance du Mercosur pourrait constituer un défi pour les agriculteurs européens. Cette situation a suscité des inquiétudes parmi les syndicats agricoles et les décideurs politiques quant à l’impact sur l’agriculture locale.

Les pays du Mercosur, comme le Brésil et l’Argentine, sont d’importants exportateurs de produits agricoles dont les coûts de production sont inférieurs à ceux des pays de l’UE. La réduction des droits de douane dans le cadre de l’accord pourrait entraîner un afflux de produits agricoles moins chers, tels que le bœuf, la volaille et le sucre, ce qui pourrait avoir un impact négatif sur les prix et les bénéfices des agriculteurs européens.

Les petits agriculteurs européens, qui doivent déjà faire face à des marges bénéficiaires étroites, pourraient avoir du mal à concurrencer ces importations à moindre coût, car les produits du Mercosur sont souvent soumis à des réglementations moins strictes, ce qui crée une situation perçue comme « inéquitable ». Cela pourrait inciter les agriculteurs de l’UE à réduire leurs coûts, sous peine de perdre des parts de marché. Les secteurs les plus touchés seraient : la viande (bœuf, volaille, porc), le sucre et les produits laitiers.

Qualité et normes
Les consommateurs européens sont très attentifs à la qualité et à la durabilité des aliments. L’assouplissement des normes environnementales et de travail du Mercosur a suscité des inquiétudes concernant des produits tels que le bœuf brésilien, qui a été associé à la déforestation de l’Amazonie. Les importateurs européens de produits alimentaires devront s’attaquer à ces problèmes en sélectionnant soigneusement leurs fournisseurs et en veillant à ce qu’ils respectent les normes européennes.

Importations spécialisées
Au-delà des produits de base en vrac, les pays du Mercosur proposent des produits spécialisés et de niche, tels que les vins argentins, la yerba mate paraguayenne et les fruits tropicaux brésiliens. Ces articles peuvent aider les importateurs à diversifier leur offre et à tirer parti de l’intérêt croissant des consommateurs pour les aliments exotiques et internationaux.

Si l’accord commercial entre le Mercosur et l’Union européenne offre des possibilités d’accroissement des échanges et de l’accès au marché, avec le potentiel de remodeler la chaîne d’approvisionnement alimentaire de l’Europe, en favorisant une plus grande intégration et une meilleure collaboration entre ces deux régions, il présente également des risques significatifs pour les agriculteurs européens dans plusieurs secteurs clés. Pour atténuer ces difficultés, l’UE pourrait être amenée à mettre en œuvre des mesures de protection, telles que des quotas, des subventions ou des exigences plus strictes en matière de durabilité des importations. Il reste à voir quel sera le sort de l’accord Mercosur – UE, car de nombreux pays de l’UE, dont la France, l’Autriche, l’Irlande et la Pologne, y sont opposés, et le président argentin, Javier Milei, a récemment annoncé qu’il serait prêt à quitter le bloc Mercosur si un meilleur accord avec les États-Unis voyait le jour.